Une grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur,
Est-ce assez ? dites-moi : n’y suis-je point encore ?
— Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ?
— Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.
Jean de La Fontaine
Cette fable a traversé les siècles jusqu’à arriver dans notre ville d’Etréchy sous cette forme :
Un « bourgeois » voulant bâtir comme les grands Seigneurs
commença par ouvrir la cassette aux pièces d’or.
Presque pleine, il la fit déborder à grand renfort foncier,
ne pouvant plus la fermer il se mit à dépenser.
Un château demandant trop de deniers, un stade fut donc inauguré.
Le bourgeois invita la princesse mais jamais elle ne vint
Sept mille habitants pour dame Pécresse laissez moi rire
Elle tant habituée à la centaine de milliers.
Que faire donc pour s’attirer le regard de la princesse
elle qui ne voulait pas du bourgeois dans sa cour
elle qui refusait toute inauguration et trop petite mondanité
Comment briller au yeux d’une princesse ?
l’idée vint au bourgeois d’accueillir la cour,
Ouste les purotins, il ne faut pas faire tache
recevoir la Capitale , c’est rentrer en grâce
Ouste les gueux, et les graines d’apaches.
Et si d’aventure l’obstination était génétique au point de contaminer
et que pour dame Pécresse , dans certains rêves de gloire
à l’Assemblée ou au Sénat on voulait se voir
une idée me vient, allons la faire patiner
La morale s’il en fallait une, c’est raison garder
si les seigneurs et puissants ne s’intéressent pas à nous
rassurez vous, nous pouvons faire sans vous
Le bourgeois a tant à faire avec nos sept milles âmes